Conception des quatres espèces de vivants
et leurs destinées.
Les 4 espèces de vivants
La perfection giratoire des Dieux planètes
La terre
Prédictions et prophéties astrales
Les Dieux invisibles, Génèse
Des liens
Trois races mortelles à venir
L'acte créateur du Démiurge
Les lois de la destinée
Les passions de l'âme et conséquences
Les réincarnations...punitives ou corrective : en femme, en animal
Retrait du Dieu premier, place aux jeunes Dieux
Créations secondaires
Confusions des sensations et des révolutions
Apaisement et éducation
Destinées


À la naissance du temps, le monde se trouvait déjà construit à la ressemblance du modèle (éternel); mais il ne contenait pas encore tous les animaux qui sont nés en lui ; il lui manquait encore ce trait de ressemblance.
C’est pourquoi Dieu acheva ce qui restait, en le façonnant sur la nature du modèle.

Aussi, toutes les formes que l’intelligence aperçoit dans l’animal qui existe réellement, quels qu’en soient la nature et le nombre, le dieu jugea que ce monde devait les recevoir, les mêmes et en même nombre.

Les 4 espèces de vivants p90

Or il y en a quatre :
la première est la race céleste des dieux,
la deuxième, la race ailée qui circule dans les airs,
la troisième, l’espèce aquatique,
la quatrième, celle qui marche sur la terre ferme.

Il composa l’espèce divine (visible) presque tout entière de feu, afin qu’elle fût aussi brillante et aussi belle à voir que possible, et, la modelant sur l’univers, il la fit parfaitement ronde, et la plaça dans l’intelligence du Meilleur, pour qu’elle le suivît dans sa marche.
Il la distribua dans toute l’étendue du ciel, afin qu’elle en fût véritablement l’ornement par la variété répandue partout.

La perfection giratoire des Dieux planètes p91

À chacun de ces dieux il assigna deux mouvements, dont l’un se produit uniformément à la même place, parce que le dieu a toujours les mêmes pensées sur les mêmes objets, et dont l’autre est un mouvement en avant, parce qu’il est dominé par la révolution du Même et du Semblable.

Quant aux cinq autres mouvements, ils furent complètement refusés à ces dieux, afin que chacun d’eux acquît toute la perfection dont il est capable.

C’est pour cette raison que naquirent les astres qui n’errent pas,
animaux divins et éternels qui tournent toujours uniformément à la même place.


Quant à ceux qui errent et sont soumis à des conversions, ils ont été faits comme nous l’avons exposé précédemment.

La terre

Pour la terre, notre nourrice, enroulée autour de l’axe qui traverse tout l’univers, Dieu la disposa pour être la gardienne et l’ouvrière de la nuit et du jour, la première et la plus ancienne des divinités qui sont nées à l’intérieur du ciel.

Prédictions et prophéties astrales

Mais les choeurs de danse de ces dieux, leurs juxtapositions, leurs retours ou leurs avances dans leurs orbites, lesquels, dans les conjonctions, se rencontrent, et lesquels sont en opposition, derrière lesquels et en quel temps ils se dépassent les uns les autres et se cachent à nos yeux pour réapparaître ensuite et envoyer aux hommes incapables de raisonner des craintes et des signes de ce qui doit arriver par la suite, exposer tout cela sans en faire voir des modèles imités, ce serait prendre une peine inutile. En voilà assez sur ce sujet ; mettons fin ici à notre exposé sur la nature des dieux visibles et engendrés. p92

Les Dieux invisibles, Génèse

Quant aux autres divinités (invisibles), exposer et connaître leur génération est une tâche au-dessus de nos forces : il faut s’en rapporter à ceux qui en ont parlé avant nous. Ils prétendaient descendre des dieux ; aussi devaient-ils connaître leurs ancêtres. Il est donc impossible de refuser créance à des fils de dieux, quoique leurs affirmations ne se fondent pas sur des raisons vraisemblables ni certaines.
Mais, comme c’est l’histoire de leurs familles qu’ils prétendent rapporter, il faut se conformer à l’usage et les croire.
Admettons donc sur leur parole et disons que la génération de ces dieux fut celle-ci.

De la Terre et du Ciel naquirent l’Océan et Téthys, de ceux-ci Phorkys, Cronos, Rhéa et tous ceux qui vont avec eux ; de Cronos et de Rhéa, Zeus, Héra et tous leurs frères et soeurs dont nous savons les noms, et de ceux-ci encore d’autres rejetons. Or, lorsque tous ces dieux, ceux qui circulent sous nos yeux et ceux qui ne se montrent que quand ils le veulent bien, eurent reçu l’existence, l’auteur de cet univers leur tint ce discours :

" Dieux de dieux, les ouvrages dont je suis le créateur et le père, parce qu’ils ont été engendrés par moi, sont indissolubles sans mon consentement ".

Des liens

Il est vrai que ce qui a été lié peut toujours être délié ; mais il n’y a qu’un méchant qui puisse consentir à dissoudre ce qui a été bien ajusté et qui est en bon état.
Par conséquent, puisque vous avez été engendrés, vous n’êtes pas immortels et vous n’êtes pas absolument indissolubles.
Néanmoins vous ne serez pas dissous et vous n’aurez point part à la mort, parce que ma volonté est pour vous un lien plus fort et plus puissant que ceux dont vous avez été liés au moment de votre naissance.

Trois races mortelles à venir

Maintenant, écoutez ce que j’ai à vous dire et à vous montrer. Il reste encore à naître trois races mortelles.

Si elles ne naissent pas, le ciel sera inachevé, car il ne contiendra pas en lui toutes les espèces d’animaux, et il faut qu’il les contienne pour être suffisamment parfait.
Si je leur donnais moi-même la naissance et la vie, elles seraient égales aux dieux. p93
Afin donc qu’elles soient mortelles et que cet univers soit réellement complet, appliquez-vous, selon votre nature, à former ces animaux, en imitant l’action de ma puissance lors de votre naissance. Et comme il convient qu’il y ait en eux quelque chose qui porte le même nom que les immortels, quelque chose qu’on appelle divin et qui commande à ceux d’entre eux qui sont disposés à suivre toujours la justice et vous-mêmes, je vous en donnerai moi-même la semence et le principe.

Pour le reste, c’est à vous de fabriquer, en tissant ensemble le mortel et l’immortel, des animaux auxquels vous donnerez la naissance, que vous ferez croître en leur donnant de la nourriture et que vous recevrez de nouveau, quand ils mourront. »

L'acte créateur du Démiurge

Il dit, et, reprenant le cratère où il avait d’abord mélangé et fondu l’âme de l’univers, il y versa ce qui restait des mêmes éléments et les mêla à peu près de la même manière, mais ils n’étaient plus aussi purs :
ils l’étaient même deux ou trois fois moins.

Quand il eut composé le tout, il le partagea en autant d’âmes qu’il y a d’astres, il assigna chacune d’elles à un astre, les y plaça comme dans un char, leur montra la nature de l’univers et leur fit connaître les lois de la destinée :

Les lois de la destinée

tous devaient être traités de même à leur première incarnation,
afin que nul ne fût désavantagé par lui ; semées chacune dans l’organe du temps fait pour elle, elles devaient devenir l’animal le plus religieux de tous ; mais, la nature humaine étant double, le sexe supérieur serait celui qui serait dans la suite appelé mâle.

Les passions de l'âme et conséquences p95

Lorsque les âmes seraient, en vertu de la nécessité, implantées dans des corps, et que ces corps s’accroîtraient de certaines parties et en perdraient d’autres, il en résulterait d’abord qu’elles auraient nécessairement toutes la même sensibilité naturelle à la suite d’impressions violentes, puis l’amour avec son mélange de plaisir et de peine, et en outre la crainte, la colère et toutes les passions connexes à celles-là ou celles qui leur sont naturellement contraires ;

que ceux qui les domineraient vivraient dans la justice, et ceux qui s’en laisseraient dominer, dans l’injustice ;

que celui qui aurait fait bon usage du temps qui lui est accordé, retournerait habiter l’astre auquel il est affecté et vivrait heureux en sa compagnie,

Les réincarnations...punitives ou corrective : en femme, en animal

mais que celui qui aurait manqué ce but serait transformé en femme à sa seconde naissance, et si, en cet état, il ne cessait pas d’être méchant,
il serait, suivant la nature de sa méchanceté, transformé, à chaque naissance nouvelle, en l’animal auquel il ressemblerait par ses moeurs, et ses métamorphoses et ses tribulations ne finiraient point avant d’avoir soumis à la révolution du Même et du Semblable en lui cette grosse masse de feu, d’eau, d’air et de terre qui s’est ajoutée à son être par la suite ;

qu’il ne retrouverait l’excellence de son premier état qu’après avoir maîtrisé par la raison cette masse turbulente et déraisonnable.

Retrait du Dieu premier, place aux jeunes Dieux p96

Lorsque Dieu leur eut fait connaître tous ces décrets, pour qu’on ne le tînt pas responsable de leur méchanceté future, il les sema, les uns sur la terre, les autres dans la lune, les autres dans tous les autres instruments du temps. Après ces semailles, il confia aux jeunes dieux le soin de façonner des corps mortels, de compléter leur oeuvre en ajoutant tout ce qu’il fallait encore ajouter à l’âme humaine et tous les accessoires qu’elle exigeait, puis de commander et de gouverner aussi sagement et aussi bien qu’ils le pourraient cet être mortel, à moins qu’il ne fût lui-même la cause de son malheur.
Après avoir réglé tout cela, le dieu reprit le cours de son existence habituelle.
Tandis qu’il gardait le repos, ses enfants, qui avaient saisi l’organisation que projetait leur père, s’y conformèrent.

Créations secondaires

Ils prirent le principe immortel de l’animal mortel, et, à l’imitation de l’artisan de leur être, ils empruntèrent au monde des parcelles de feu, de terre, d’eau et d’air, qui devaient lui être rendues un jour, les unirent ensemble, non par des liens indissolubles, comme ceux dont eux-mêmes étaient liés, mais par une multitude de chevilles invisibles à cause de leur petitesse, et, en les assemblant ainsi, ils composèrent de tous ces éléments un corps unique pour chaque individu, et dans ce corps, sujet au flux et au reflux, ils enchaînèrent les cercles de l’âme immortelle ; p97

mais, enchaînés dans ce grand flot, les cercles ne pouvaient ni le maîtriser, ni être maîtrisés par lui, mais tantôt ils étaient entraînés de force et tantôt l’entraînaient, de sorte que l’animal tout entier se mouvait, mais avançait sans ordre, au hasard, d’une manière irrationnelle.

Confusions des sensations et des révolutions

Soumis à tous les six mouvements, il allait en avant, en arrière, puis à droite et à gauche, en bas et en haut, et il errait en tout sens suivant les six lieux. Car, si violent que fût le flot qui, apportant la nourriture au corps, le submergeait et refluait ensuite, plus grand encore était le trouble causé par les impressions des objets qui le heurtaient, quand, par exemple, le corps d’un individu venait se choquer contre un feu étranger, extérieur à lui, contre une terre dure, contre des eaux glissantes, ou qu’il était assailli par une tempête de vents poussés par l’air, et que les mouvements dus à toutes ces causes allaient, en traversant le corps, jusqu’à l’âme et la heurtaient.
C’est pour cela que tous ces mouvements furent ensuite et sont encore aujourd’hui appelés sensations. En outre, comme ces sensations, au temps dont je parle, produisaient sur le moment une ample et violente commotion, en se mouvant avec la masse qui ne cesse de s’écouler et en secouant fortement les cercles de l’âme, elles entravèrent complètement la révolution du Même, en coulant au rebours d’elle, et l’empêchèrent de commander et de suivre son cours. p98

Elles troublèrent aussi la révolution de l’Autre, en sorte que chacun des trois intervalles du double et du triple et les médiétés et liens d’un plus un demi, d’un plus un tiers, d’un plus un huitième, ne pouvant être complètement dissous, sinon par celui qui les a noués, furent au moins tordus de toutes manières et produisirent dans les cercles toutes les cassures et toutes les déformations possibles.

Il en résultait qu’à peine liés entre eux, ils se mouvaient, mais ils se mouvaient sans loi, tantôt à rebours, tantôt obliquement, tantôt sens dessus dessous, comme un homme qui se renverse en posant sa tête sur le sol et lançant ses jambes en l’air et les appuyant contre quelque chose.

Dans la situation où cet homme se trouve par rapport à ceux qui le voient, la droite paraît être la gauche, et la gauche, la droite à chacun d’eux. C’est la même confusion et d’autres du même genre qui affectent gravement les révolutions de l’âme, et lorsque ces révolutions rencontrent quelque objet extérieur du genre du Même ou de l’Autre, elles donnent à cet objet le nom de Même et d’Autre, à l’encontre de la vérité, et elles deviennent menteuses et folles, et il n’y a plus alors parmi elles de révolution qui commande et dirige. Par contre, lorsque des sensations venant du dehors se jettent sur ces révolutions et tombent sur elles et entraînent après elles tout le vaisseau qui contient l’âme, ces révolutions, quoique maîtrisées, paraissent avoir la maîtrise.

Apaisement et éducation

Par suite de tous ces accidents, aujourd’hui comme au début, l’âme commence par être dénuée d’intelligence, quand elle est enchaînée dans un corps mortel. Mais lorsque le courant qui apporte la croissance et la nourriture diminue de volume, que les révolutions, revenant au calme, suivent leur propre voie et deviennent plus stables au cours du temps, à partir de ce moment les révolutions se corrigent suivant la forme de chacun des cercles qui suivent leur cours naturel, elles donnent à l’Autre et au Même leurs noms exacts et font éclore l’intelligence chez leur possesseur.

Si cette disposition est fortifiée par une bonne méthode d’éducation, l’homme devient complet et parfaitement sain, et il échappe à la plus grave des maladies.
Si, au contraire, on a négligé son âme, après avoir mené une existence boiteuse, il retourne chez Hadès, imparfait et insensé.

Mais ceci n’arrive que plus tard. Il faut revenir à notre sujet présent et le traiter avec plus de précision.

Destinées :

Toutes ces âmes, à leur première incarnation, furent traitées de même ;

mais, suivant leur conduite, elles devaient être réintégrées dans leur astre, ou passer dans des corps de femmes ou d’animaux.

Les dieux subalternes empruntèrent donc au monde des parcelles de feu, de terre, d’eau et d’air et ils formèrent pour chaque individu un corps unique, où ils enchaînèrent les cercles de l’âme immortelle.


Ceux-ci ne pouvant d’abord maîtriser le corps ou être maîtrisés par lui,
il s’ensuit que l’intelligence n’y apparaît que lorsque l’accord se fait, avec l’âge.

Lorsqu’une bonne éducation s’y joint, l’homme devient complet et parfaitement sain.

Les dieux enchaînèrent les deux révolutions divines dans un corps sphérique,
la tête, à laquelle ils donnèrent pour véhicule tout le corps
.

À la partie antérieure de la tête ils adaptèrent le visage et les yeux.

Des yeux s’écoule un feu qui ne brûle pas, la lumière, et ce feu, rencontrant celui qui vient des objets, donne la sensation de la vue.
C’est par la combinaison de ces deux feux se rencontrant sur une surface polie que s’expliquent les images formées par les miroirs.
De tous les présents des dieux, la vue est le plus précieux : ils nous l’ont fait, afin qu’en contemplant les révolutions de l’intelligence dans le ciel, nous réglions sur elles les révolutions de notre propre pensée. L’ouïe et la voix nous ont été données aussi pour la même fin.
Jusqu’ici, nous n’avons considéré dans la formation du monde que l’action de l’intelligence : il faut y ajouter celle de la nécessité ; car la génération de ce monde est le résultat de l’action combinée de la nécessité et de l’intelligence.